Les tensions diplomatiques entre l’Algérie et la France risquent de s’aggraver avec l’adoption par l’Assemblée nationale d’une résolution favorable à la dénonciation de l’accord migratoire de 1968; le ministre français de l’Intérieur avertit que « le bras de fer » ne fonctionnerait pas.
Dans une interview accordée au quotidien Le Parisien samedi 1er novembre, Laurent Nuñez, ministre de l’Intérieur, a mis en garde contre la méthode du « bras de fer » avec l’Algérie.
Il a déclaré que « ceux qui font croire aux Français que le bras de fer et la méthode brutale sont la seule solution, la seule issue, se trompent. Ça ne marche pas, dans aucun domaine ». Le ministre a également regretté « les conditions dans lesquelles s’est déroulé ce vote ».
Sa prise de parole intervient après l’adoption, jeudi 31 octobre, à l’Assemblée, d’une résolution du Rassemblement National (RN) visant à dénoncer l’accord migratoire franco-algérien de 1968, réclamé de longue date par la droite et l’extrême droite française.
Le traité, signé six ans après la fin de la guerre avec l’ancienne colonie, crée un régime d’immigration favorable pour les Algériens, qui n’ont pas besoin de visa spécifique pour rester plus de trois mois en France et accèdent plus rapidement que les autres étrangers aux titres de séjour pour 10 ans, y compris dans le cadre du regroupement familial.
M. Nuñez a insisté sur une « coopération apaisée, mais qui doit rester exigeante », ajoutant : « Ceux qui pensent qu’on peut se passer de relation sécuritaire avec ce pays nous mettent en danger. »
Il a par ailleurs évoqué le bras de fer entamé par son prédécesseur, Bruno Retailleau, qui « n’a pas produit de résultat ». « Preuve » de l’inefficacité de cette méthode, « le canal est totalement coupé aujourd’hui avec Alger », a-t-il ajouté.
Paris et Alger sont empêtrés depuis plus d’un an dans une crise diplomatique, à la suite de la reconnaissance, à l’été 2024, par la France d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental.
Depuis son arrivée au gouvernement, Laurent Nuñez a souligné à plusieurs reprises la nécessité de renouer « le dialogue » avec Alger, mettant en avant les besoins de coopération sécuritaire, notamment dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
En 2025, 500 éloignements forcés de France vers l’Algérie ont pu avoir lieu à fin octobre, contre 1 400 l’an dernier sur la même période, selon le ministre.
Nuñez a également expliqué que l’Algérie « n’accepte plus ses ressortissants en situation irrégulière depuis le printemps dernier ».
Par conséquent, les centres de rétention français « sont occupés à plein », avec « 40 % des places occupées par des ressortissants algériens ».